Cette réflexion est centrée sur la plaine du Pô comme ré-écrite par Gianni Celati. Cette plaine, perçue comme banale à regarder et inintéressante à explorer, a perdu sa centralité rurale et ses villes leur aura historique à partir du dernier après-guerre. Le Pô, le fleuve « roi », a aussi perdu son rôle créateur chez les habitants de la plaine, ainsi que son rôle directeur dans la définition et la « conduite » de leurs vies. Gianni Celati, dans Narrateurs des plaines mais surtout dans Verso la foce (Vers l’embouchure), se situe dans le mood de la platitude d’un paysage qui n’a aucun attrait ou intérêt spécifique. Il s’agit d’une platitude où seuls les noms sur les panneaux signalétiques témoignent de l’existence d’un lieu ou d’un objet. C’est une platitude post-rurale et post-industrielle, où l’ultra-urbain domine : ce dernier doit cependant s’effacer devant le Pô qui redevient parfois « roi » et protagoniste, avec ses sinuosités qui s’opposent aux lignes droites des géomètres qui ont « bâti » la plaine. C’est le binôme espace géométrique et espace sensible qui s’impose, qui oblige à la réflexion, qui permet aux lieux d’exister, de ne pas être des non-lieux mais plutôt des interstices spatio-temporels pleins de contenus.

Entre déambulations fluvio-littéraires et dérives paysagères : Gianni Celati et la Plaine du Pô

MARENGO, MARINA
2017-01-01

Abstract

Cette réflexion est centrée sur la plaine du Pô comme ré-écrite par Gianni Celati. Cette plaine, perçue comme banale à regarder et inintéressante à explorer, a perdu sa centralité rurale et ses villes leur aura historique à partir du dernier après-guerre. Le Pô, le fleuve « roi », a aussi perdu son rôle créateur chez les habitants de la plaine, ainsi que son rôle directeur dans la définition et la « conduite » de leurs vies. Gianni Celati, dans Narrateurs des plaines mais surtout dans Verso la foce (Vers l’embouchure), se situe dans le mood de la platitude d’un paysage qui n’a aucun attrait ou intérêt spécifique. Il s’agit d’une platitude où seuls les noms sur les panneaux signalétiques témoignent de l’existence d’un lieu ou d’un objet. C’est une platitude post-rurale et post-industrielle, où l’ultra-urbain domine : ce dernier doit cependant s’effacer devant le Pô qui redevient parfois « roi » et protagoniste, avec ses sinuosités qui s’opposent aux lignes droites des géomètres qui ont « bâti » la plaine. C’est le binôme espace géométrique et espace sensible qui s’impose, qui oblige à la réflexion, qui permet aux lieux d’exister, de ne pas être des non-lieux mais plutôt des interstices spatio-temporels pleins de contenus.
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