La métaphore biologique dans la définition de l’urbanisme moderne: nouveaux paradigmes et stratégies argumentatives autour de l’espace de la ville

La contribution se propose de mettre en évidence les stratégies argumentatives liées à l’introduction de la métaphore biologique dans la définition des paradigmes dominants de la géographie urbaine contemporaine. Sur la base de la métaphore organiciste présente depuis la Renaissance dans les discours spécialisés autour du concept de ville, l’urbanisme moderne développe un paradigme biologique axé sur le concept d’hygiène de l’espace urbain, paradigme qui n’est pas sans impact sur l’interprétation des concepts de centre, périphérie, banlieue. La géographie urbaine du XXème siècle semble dans son ensemble caractérisée par l’opposition, la compétition de diverses métaphores paradigmatiques qui se succèdent, de la métaphore organiciste du corps de la ville (toujours contrebalancée d’ailleurs par la persistance de la métaphore mécaniciste) à la métaphore neuronale de la ville comme système nerveux et, tout récemment, de la ville comme forme animée (Lynn, 2011). À travers l’étude d’un corpus textuel fondamental dans la définition de l’urbanisme moderne (l’ouvrage Vers une architecture de Le Corbusier), nous essaierons d’esquisser les mécanismes discursifs et conceptuels à l’origine des tournants paradigmatiques de la discipline, ainsi que les stratégies argumentatives qui accompagnent la proposition et la validation des nouvelles métaphores paradigmatiques.